Originaire de Gatineau, au Québec, Ariane Bonhomme s’est imposée comme l’une des cyclistes canadiennes les plus accomplies en endurance sur piste. Ce qui avait commencé comme une simple façon de garder la forme l’été est devenu une carrière exceptionnelle et inspirante.
Aujourd’hui, à 30 ans, elle cumule des médailles aux Jeux du Commonwealth et aux Championnats panaméricains, des podiums sur la scène mondiale, deux participations olympiques et un rôle de leader respectée dans l’équipe nationale.
Au fil de ce parcours, elle a appris à se réinventer en changeant de discipline, en trouvant un nouvel équilibre et en assumant un rôle de transmission auprès de la relève. Elle incarne l’idée qu’une carrière sportive réussie n’est pas seulement faite de performances, mais aussi de transitions réfléchies et d’un engagement envers les autres.
Des débuts inattendus… jusqu’à la découverte du vélodrome
Ariane découvre le vélo à 12 ans dans le but de compléter sa saison de patinage de vitesse. Cette discipline hivernale exigeante lui a déjà appris la gestion de l’effort et la concentration sur des objectifs précis. À 16 ans, lorsqu’elle met pour la première fois les roues dans un vélodrome, elle ressent un déclic immédiat.
Première fille inscrite au club jeunesse Cuisses Or de Gatineau, elle devient un exemple pour d’autres jeunes athlètes locales qui n’avaient pas encore osé se lancer dans ce sport.
La progression est rapide. Elle se fait remarquer sur route, devenant l’une des meilleures juniors au pays, mais c’est sur la piste qu’elle choisit de concentrer ses efforts. En 2015, elle intègre l’équipe nationale NextGen et, dès sa première saison internationale, remporte l’or en poursuite par équipes et le bronze en course aux points aux Championnats panaméricains. Cette réussite précoce confirme qu’elle est prête à rivaliser avec les meilleures.
Une reine de la poursuite par équipes
La poursuite par équipes devient rapidement sa spécialité. Ariane s’y illustre par sa capacité à lire la course, à maintenir un rythme constant et à soutenir ses coéquipières dans les derniers tours, là où la fatigue se fait le plus sentir. Elle remporte l’or à quatre reprises aux Championnats panaméricains (2016, 2017, 2019, 2023), ajoute un titre individuel en poursuite et l’argent au Madison en 2023.
Sur le circuit international, elle multiplie les podiums en Coupe du monde et en Coupe des Nations. Ces compétitions, parmi les plus relevées au monde, l’ont vue briller à Cali, à Milton et sur d’autres pistes prestigieuses. L’argent à Milton en 2017 et le bronze en 2023 comptent parmi ses faits marquants. En 2018, elle décroche aussi le bronze en poursuite par équipes aux Jeux du Commonwealth à Gold Coast, une étape importante pour sa reconnaissance internationale.
Jeux olympiques: de recrue à capitaine
Ariane participe à ses premiers Jeux olympiques en 2021 à Tokyo, alors qu’elle est la benjamine du quatuor canadien. L’équipe signe un record national en demi-finale, mais échoue de peu au pied du podium avec une 4ᵉ place. Cette expérience lui apporte maturité et assurance.
Trois ans plus tard, aux Jeux de Paris 2024, elle aborde la compétition dans un tout autre rôle. Elle est désormais la vétérane, celle qui guide les jeunes coéquipières, partage ses routines, et gère avec elles les aspects mentaux et physiques des grandes compétitions. Ce changement de statut est significatif, illustrant son évolution d’athlète prometteuse à leader confirmée.
Une régularité impressionnante
Ariane ne brille pas seulement lors des grands rendez-vous. Sa constance entre 2022 et 2023 en fait un pilier de l’équipe canadienne. Elle enchaîne les podiums en Coupe des Nations à Adélaïde et à Milton. Aux Championnats panaméricains de San Juan, elle décroche trois médailles, dont deux titres majeurs en poursuite, individuelle et par équipes.
Sur la scène nationale, elle domine les Championnats canadiens de cyclisme sur piste 2023 en remportant l’or dans quatre épreuves: poursuite individuelle, omnium, course scratch et madison. Ces résultats témoignent non seulement de son état de forme, mais aussi de sa polyvalence exceptionnelle.
Nouveau souffle: retour sur route
Après deux cycles olympiques intenses, Ariane ressent le besoin de se renouveler et de retrouver le plaisir pur du vélo. Un voyage entre Paris et Gérone, effectué sur sa monture, lui permet de redécouvrir cette liberté simple. Cette parenthèse hors des compétitions lui donne envie de revenir à ses origines sportives sur route.
En 2025, elle signe avec l’équipe américaine LA Sweat Racing pour une saison complète. Elle participe à des compétitions en Amérique du Nord et en Europe, se hisse sur le podium au Grand Prix Belsele-Waas en Belgique, dispute les Championnats canadiens sur route, et se distingue au Gastown Grand Prix et à la série Chicago Grit. Cette diversité de courses lui permet d’enrichir sa tactique et de développer une endurance accrue.
Construire l’équilibre: piste, route et santé mentale
En combinant piste et route, Ariane adopte une approche globale de la performance. La piste lui apporte explosivité et discipline technique, tandis que la route développe sa vision stratégique et sa capacité à s’adapter à des situations de course imprévisibles. Elle souligne d’ailleurs que son expérience en poursuite l’aide à anticiper et à gérer les derniers kilomètres sur route, souvent décisifs.
Elle accorde une attention particulière à la préparation mentale. En travaillant avec un psychologue du sport, elle apprend à mieux canaliser la pression, à renforcer sa confiance et à préserver son équilibre intérieur. Cet aspect lui permet de rester une coéquipière stable, même dans les moments les plus tendus.
Une femme engagée au-delà du vélo
En dehors des pistes, Ariane s’investit dans ses passions et dans des causes qui lui tiennent à cœur. Titulaire d’un certificat en santé sexuelle de l’Université Laval, elle nourrit l’ambition de devenir sage-femme. La santé des femmes, la maternité et les droits reproductifs sont au centre de ses préoccupations.
Elle œuvre également pour la promotion du sport féminin, partageant son expérience avec la relève et défendant l’équité dans le sport. Lorsqu’elle ne s’entraîne pas, on peut la retrouver en randonnée, à la pêche à la mouche ou en train de tricoter, une activité apprise grâce à sa coéquipière Georgia Simmerling et devenue un outil de détente essentiel.
Une figure de transition et de transmission
Avec Paris 2024, Ariane devient un symbole de transition au sein de l’équipe canadienne. Elle relie les générations, transmettant non seulement des techniques, mais aussi une philosophie de travail et une façon d’affronter les défis.
Son leadership discret est reconnu par ses coéquipières et ses entraîneurs. Dans un sport exigeant où la marge d’erreur est infime, elle incarne la fiabilité, la constance et l’inspiration.
Réinvention et héritage
En se réinventant après deux cycles olympiques, Ariane Bonhomme prouve qu’une carrière peut évoluer tout en gagnant en profondeur. Elle allie performance et bien-être, ambition individuelle et succès collectif.
De Gatineau aux grandes pistes du monde, elle pédale avec passion et transmet aux nouvelles générations plus qu’une technique: une vision durable, humaine et inclusive du sport.
